“Hikayat Koul Zaman”
Un merveilleux spectacle signé Caracalla

En quittant mardi soir le Théâtre du Liban, pouvait-on s’empêcher de faire cette réflexion : le spectacle de Caracalla aurait dû se produire non pas pour quelques jours, mais durant des semaines, afin de permettre à des milliers et des milliers de personnes de venir l’applaudie, de vivre l’espace d’une soirée dans cette féerie de danses, de couleurs, de musique, dans laquelle nous plonge par son langage subtil, beau et nuancé « Hikayat Koul Zaman » : Avec sa mégère apprivoisée, à l’orientale, Abdel-Halim Caracalla nous a tout simplement proposé de le suivre, dans un merveilleux voyage à travers le temps, les époques, les mœurs et coutumes d’un monde oriental allant du Liban jusqu’à l’Andalousie. Son langage sera en premier celui de la danse avec une trentaine de jeunes gens et de jeunes filles tous des professionnels déjà rompus à cet art et maîtrisant la technique de l’expression corporelle par le geste, le mouvement, les figures. Les corps sont souples ; ils glissent avec élégance sur la scène, se rejoignent, s’éloignent. Les tableaux se font et défont rapidement pour incarner un thème, une pensée, recréer une ambiance, par le biais d’une danse épurée, stylisée dont l’essence prend sa source dans les folklores et les rituels de chaque pays ou groupe ethnique d’un monde, moyen-oriental, africain du Nord, jusqu’à Grenade l’andalouse. Par moments on se retrouve à Bagdad du temps des Abbassides, pour revenir à Baalbeck, à Beiteddine, dans nos montagnes et vivre de très beaux moments de folklore libanais, de cette inégalable dabké, interprétée avec vigueur, avec amour, avec foi, la foi des Libanais qui immortalisent par la danse, les valeurs culturelles de leur patrimoine.

Dans « Hikayat Koul Zaman », le langage des costumes n’est pas moins important que celui du geste et du corps. Conçus par le centre de recherches Caracalla, ces costumes, régalent les yeux tout au long du spectacle par une véritable symphonie harmonieuse de couleurs, de lignes, de modèles qui incarnent l’idée qui se développe à travers chaque tableau. Par leur richesse, leur beauté, leur variété, ils racontent l’histoire de la mégère apprivoisée en Andalousie, aussi bien qu’à Fès ou Deir el-Kamar, en Jordanie ou ailleurs dans le monde arabe. Ils sont un élément important de ce ballet-spectacle.

Le troisième élément essentiel et vital de Hikayat Koul Zaman sera la musique. Elle porte en elle la touche de grands compositeurs libanais et constitue la trame essentielle de la danse et de l’idée qui s’y développe progressivement. La musique a son propre langage ; celui des instruments, du rythme, de l’harmonie.