L’HEBDO MAGAZINE

Une danse entre les cultures

Sous la direction de Abdel-Halim Caracalla, la splendeur de l’Orient s’allie à la technique occidentale dans le nouveau spectacle Les chevaliers de la lune. Cette œuvre passe, pendant deux mois, sur la scène du Casino du Liban.

Chorégraphie, danse, musique, décor… Ces différents éléments artistiques interagissent dans un monde de beauté et de mouvement en couleurs. A base de ballet classique, la chorégraphie de Caracalla présente la magie de l’âme orientale. La virilité des voix et des mouvements met en relief le type de l’homme arabe authentique. L’esprit belliqueux, l’honneur, la vengeance, les valeurs et les mœurs créent un univers traditionnel dans une ambiance esthétique. Cependant, le beau n’est pas le but unique de ce spectacle de danse. En effet, le scénario de la pièce passe un message au public.

C’est Talal Haïdar qui a rédigé les paroles des chansons et les poèmes de cette œuvre. Il s’agit d’un tiraillement entre le cycle de la vengeance et celui de l’amour. Une gitane, voulant venger sa mère brûlée vive, enlève le fils du roi. Mais au lieu de le tuer, elle égorge son propre fils. Elle adopte, donc, le fils du roi et l’élève. La cruauté s’allie ainsi à la maternité. Parfois, la haine devient aveuglante; elle incite certains à tuer leurs enfants. En cherchant l’ennemi partout, on finit par le voir dans les yeux de ses fils.

La dualité est claire dans le scénario. L’action se déroule entre deux tribus, le roi a dux fils, la gitane tue l’un des deux garçons, le gouverneur confront le chevalier inconnu. Un face-à-face entre deux ennemis. Le chiffre deux est le signe de l’agressivité extrême. Lorsque la confrontation a lieu entre trois entité, les trois grandes communautés libanais par exemple, la violence s’atténue. Le partage est un impératif. Mais lorsque deux forces s’opposent, chrétiens/musulmans, Palestiniens/Israéliens, la haine atteint son comble. L’anéantissement d’autrui est l’équivalent de l’affirmation de soi, la domination pure et complète.

Des voix masculines et féminines ont contribué à faire de cette piece une œuvre d’art exceptionnelle.