LA REVUE DU LIBAN

“Gharae’b el-Aja’eb wa Aja’eb el-Gharae’b”, “Caracalla” et sa troupe tout simplement éblouissants

Caracalla, cet homme qui a gardé la simplicité et la chaleur des hommes de l’arrière pays et qui nous vient, en droite ligne, de Baalbeck avec, dans le cœur et l’esprit, un héritage séculaire impressionnant, dispose de ressources prodigieuses qui n’ont pas fini de nous étonner.

L’an dernier, “Aujourd’hui, Demain, Hier” était une sorte de révélation pour le public libanais qui avait l’immense plaisir de découvrir un chorégraphe de classe internationale et une troupe disciplinée laborieuse, possédant une technique qui la rend capable de découvrir le monde. A partir du Théâtre Gulbenkian et de l’Unesco, elle entreprenait de conquérir billes, pays et continents. Ce fut donc la tournée en URSS, en Iran (et les chaleureuses félicitations de l’Impératrice) en Afrique noire.

Cette année, (depuis le 12 avril au Théâtre de l’Unesco) “Ghara’eb al Aja’eb was Aja’eb el-Ghara’eb” est une révélation autrement plus significative. Il confirme Caracalla dans sa trajectoire et le destine dorénavant à une carrière à double volet: libanaise et internationale. Sa nouvelle expérience fait la synthèse des traditions et coutumes séculaires et les présente dans un moule séduisant qui fiat sortir le folklore des sentiers battus.

Son spectacle n’est pas une revue folklorique au sens propre du terme avec ses danses compactes et traditionnelles. Il dépasse le folklore proprement dit et engage la danse dans une évolution dont on ne peut encore prévoir l’aboutissement. Des éléments folkloriques traditionnels sont recueillis d’un peu partout, restitués dans leur authenticité, intégrés dans un spectacle qui n’a pas la prétention d’être folklorique, mais l’ambition de dépasser le cadre vétuste de la vie quotidienne pour parvenir par la recherche, la documentation, le labeur constant, l’ouverture aux divers courants chorégraphiques du monde, à une sorte d’universalisme. C’est une formule séduisante il faut l’avouer. Et Caracalla est le premier, peut-être, à l’avoir mise au point sans fausse note, sans bavures. Il travaille tout seul dans son laboratoire, étudiant les costumes (à partir d’échantillons traditionnels) les mouvements, la musique.

19 Avril 1975